Durant cette période de reconfinement, Les Cuizines reprennent leurs séries documentaires ! Retrouvez en plusieurs épisodes : des biopics, des documentaires, des séries ainsi que des films de fiction, des clips, des tutoriels…
Pour cet épisode, nous allons nous intéresser à la relation qui lie écologie et musique. Grâce à des clips, des documentaires ou encore des live, les artistes deviennent militants d’une cause qui se voit reléguée en second plan face à la pandémie. Retour sur ces créations engagées qui auraient pu vous échapper, avec Suzane, Thom Yorke, Gojira ou encore Massive Attack.
Le documentaire de Massive Attack
« Massive Attack s’était rapproché en fin d’année 2019 Tyndall Centre for Climate Change Research de Manchester pour identifier les pratiques à adopter dans l’optique de réduire l’impact de l’industrie musicale sur l’environnement. Le projet aurait dû aboutir à un « concert modèle » à Liverpool en octobre 2020, projet avorté du fait de la crise sanitaire. Le film réalisé par Anthony Tombling Jr. constitue une alternative à la restitution en live et en attendant que les concerts puissent de nouveau être organisés. » Le RIM (Réseau Indépendant de la musique)
Le groupe britannique Massive Attack a publié un documentaire de 8 minutes pour faire part de ses réflexions sur l’impact écologique de l’activité de l’industrie musicale et les perspectives de futur pour le live.
Les multiples initiatives artistiques et l’implication de Thom Yorke
En 2007, Radiohead soumet deux de ses tournées américaines à l’étude pour faire le bilan de l’impact écologique du groupe lorsqu’il est sur les routes, afin de favoriser les liaisons douces comme le vélo ou bien le bateau pour transporter le matériel nécessaire au live, plus long mais plus économique que l’avion. Ce sera le fait d’armes principal, complété par sa présence au Big Ask Live, festival de prises de paroles sur l’écologie de l’association Les Amis de la Terre, mais aussi son mix lors de La Marche pour le climat de Londres. Enfin, il refusera de jouer à Glastonbury en précisant que le festival n’est pas assez desservi par les transports en commun et pollue donc plus.
« Il est où le SAV? » la collaboration de Suzane & Témé Tan
« La couleur du ciel, à Shanghai, les Chinois ne la voient pas tous les jours. Je me suis rendue compte que je ne voyais pas le visage des gens avec cet épais nuage noir constant« , raconte-t-elle. « C’est un futur apocalyptique, c’est très triste d’en arriver à ça, et en Chine ils en sont déjà là« . propos de Suzane receuillis par RTBF
Tous deux reçus aux Cuizines ces dernières années – Témé Tan en première partie de Naive New Beaters et Suzane en tête d’affiche avec notre artiste accompagnée Léa Ly – Suzane & Témé Tan s’associent et tournent un clip à Mbeubeuss au Sénégal, dans une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde soit 114 hectares de détritus recensées par l’ONG Waste Atlas Partnership. De quoi sensibiliser sur la pollution sans fond vert et artifices, pour se confronter à la réalité du problème.
L’album-concept de Rone Room with a view, autour de l’urgence climatique
« Room With a View c’est aussi notre positionnement avec La Horde et les danseurs en tant qu’observateurs. Ça peut être un écran de smartphone, la télévision ou Internet. On observe depuis notre petit cocon car la crise écologique ne nous atteint pas encore directement, mais on a toutes les informations en main pour s’en saisir. » propos de Rone recueillis par Marin Woisard de Arty Paris
Avec Room with a view, album qu’il a composé sans imaginer de confinement avec seulement la fenêtre pour voir le monde extérieur, Rone propose un album-concept, qu’il imagine avec La Horde, un collectif de danseurs contemporains, pour une création live dansée au Théâtre du Châtelet. Urgence climatique et écologique – portée par les voix de l’astrophysicien Aurélien Barrau et de l’écrivain-philosophe Alain Damasio – jeunesse révoltée, éveil des consciences sont ses préoccupations majeures.
Pour une écologie de la musique vivante, un appel porté par Leïla Martial et la scène jazz
« A l’initiative d’un groupe de musicien·ne·s, des artistes, producteur·trice·s et professionnel·le·s du jazz et des musiques improvisées se sont réunis au printemps 2020 pour interpeller le secteur sur ses pratiques, ses modes de production et encourager un changement audacieux et vertueux afin de rendre nos pratiques professionnelles plus responsables et plus écologiques. » Grands Formats, fédération d’artistes engagés
En découle des bonnes pratiques à mettre en application pour les artistes, les tourneurs mais aussi les lieux qui accueillent les artistes, disponibles : ici.Se sont joints à cet appel Théo Ceccaldi, Isabelle Sorling, Laura Perrudin, Alexandre Herer et le collectif Onze Heures Onze en résidence aux Cuizines, mais aussi l’astrophysicien Aurélien Barrau ou les magazines Citizen Jazz.
La scène metal en faveur de l’écologie : les exemples de Gojira et Cattle Decapitation
Gojira s’associe à Sea Sheperd pour un EP
« Le groupe de métal basco-landais Gojira se met au service de l’environnement. Il prépare un nouvel album dont les bénéfices seront reversés à l’association Sea Shepherd qui milite contre la chasse baleinière en Antartique. Un projet qui ne les empêche de partir en tournée avec Metallica. » Franceinfo
Gojira, la formation death metal aborde les thématiques de la vie après la mort, la spiritualité et la protection de l’environnement crée sur la demande de Sea Sheperd un mini album dont la totalité des bénéfices sera reversée à l’association dont le morceau Of Blood and Salt parle notamment du massacre des globis aux iles Féroé.
Cattle decapitation ou l’écolo-grindcore
Groupe de death-grind californien fondé en 1996, Cattle Decapitation dénonce l’élevage intensif aux Etats-Unis et ses conséquences sur l’environnement et, indirectement, sur l’Homme. Le groupe remet en cause sa place dans l’écosystème-terre ? Quel rôle doit-il jouer pour maintenir son équilibre naturel ? L’auteur Robert Culat témoigne de la nécessité d’écouter l’artiste, même lorsque son message semble totalement inaudible, au sens propre comme au figuré dans son ouvrage éponyme Cattle Decapitation.
Le quiz qui mesure votre écoaptitude avec le collectif de Shaka Ponk, The Freaks
« C’est un truc assez simple. C’est une liste de comportements et de gestes qu’on a établis avec des experts de la Fondation Nicolas Hulot et de l’Ademe pour éviter la pollution, arrêter le dérèglement climatique et protéger la biodiversité. propos recueillis par Elodie Suigo pour FranceInfo
Avec 42 gestes qui pourraient sauver la planète, autour de l’alimentation, la consommation, les dépenses énergétiques, les transports ou encore l’engagement, les artistes Mathieu Chedid, Pomme, Tété … se joignent au mouvement porté par Shaka Ponk pour éveiller les consciences. Sur leur site dédié The Freaks, on vous propose de tester votre écoaptitude grâce à un quiz disponible : ici
Clara Luciani s’équipe de gourdes après son passage dans la salle du Plan à Ris-Orangis
Car puisqu’à notre échelle, tout est possible, retour sur une initiative de l’une des salles du réseau RIF (réseau regroupant les salle d’Ile-de-france dont nous faisons partis), le Plan à Ris-Orangis et de sa chargée de production Jane Gray. Après un bilan de leur pratique, la salle décroche un label « salle éco-responsable » après un gros investissement de ce côté, notamment via l’accueil des artistes (utilisation de gourdes, achats de produits locaux pour le catering, investissement en éclairage LED durant plus longtemps dans le temps pour la salle,…). Après son passage au Plan, l’artiste Clara Luciani décida même d’équiper sa tournée des gourdes écoresponsables en inox, celles que nous utilisons aujourd’hui dans notre salle sous le label « Smell like green spirit » choisi par les membres du réseau national Fedelima.
3 festivals français qui donnent la part belle aux actions écologiques
Terres du Son (Monts)
« Laboratoire d’expérimentation pour le développement durable », le festival Terre du Son est une éco-festival se penchant sur les trois piliers du développement durable : l’économie, le social, l’environnement. Pour cela, l’éco-festival se dote d’éco-village, favorise une agriculture biologique et responsable pour la restauration, réduit son impact carbone, fait réaliser sa scénographie par des établissements médico-sociaux, propose des programmes du festival en braille…
Limiter l’impact du festival sur l’environnement et ainsi sensibiliser le public sur ses modes de consommation. Pour l’éco-festival Woodstower à Lyon, c’est aussi l’objectif : tri des déchets, récupération de matériaux, travail en circuits courts, valorisation des transports dits de liaisons douces (vélos, covoiturage, navettes) …
Festival Visions (Plougonvelin)
Pour le Festival Visions ayant lieu dans le Finistère, dont la programmation s’articule autour des musiques de niches, l’objectif n’est pas de tendre vers un festival « zéro déchet » immédiatement mais d’abord d’éradiquer le plastique avant tout. « On a décidé d’arrêter les écocups, bouteilles d’eau, etc. On va vous demander de participer en apportant toutes les ecocups que vous conservez jalousement dans vos placards depuis 2003. » est-il précisé sur leur site.
Climax Festival (Bordeaux)
Avec deux éditions à son actif, les enjeux Océan et Climat autour de Surfrider Foundation Europe (ONG de protection des océans) et d’Emmaüs Gironde. Le festival proposera une programmation hétéroclite de concerts mais aussi de 20 conférenciers ainsi que des street artists et des riders pour porter les valeurs océan/climat et de ses conséquences humanitaires.
N’oublions pas les festivals comme Les Carrières Saint-Roch, Art Sonic, et localement la Ferme Electrique. En attendant, on caresse l’espoir d’avoir la chance de remettre les pieds en festival en 2021 pour découvrir les prolongations de toutes ces initiatives qui nous inspirent.
Pix : Pochette de l’album « Room with a view » de Rone